Chambre 12 : Mikhäil Avdei & ?????

Muriel était encore plongé dans son cauchemar paranoïaque, et Auralyan pataugeait entre délire et réalité. Chacun dans son petit monde, la communication allait être difficile entre eux deux. Complètement aspiré dans sa violente dispute mentale avec Cyric, il ne remarqua pas que Muriel s’était levé, et s’était dressé en menace derrière lui. Il n’avait pas non plus vu partir le coup de poing dans le vide. Même lorsque la main de son compagnon vint se poser sur son bras, il ne réagit pas, comme si Muriel n’existait pas. Mais il ne savait plus, ce qui était réel, ce qui était dans sa tête, qui le touchait ? Etait-ce Cyric ? L’emmenait-on à nouveau là bas ? Plongé dans sa démence, il ne distinguait plus le vrai du faux, et son esprit s’emmêlait. Tandis qu’il se débattait avec lui-même, il ne sentait plus ses canines s’enfonçaient de plus en plus cruellement dans la chaire de son poing. Il revint un court instant à la réalité, lorsqu’il sentit qu’on exerçait une pression sur son bras pour déloger sa main de sa cavité buccale. Il y opposa d’abord une vive résistance, sans réellement savoir pourquoi, par simple réflexe sans doute. Finalement, étant donné le peu de force qu’il avait et l’insistance de Muriel, il fut obligé de libérer son poing d’un geste brusque, libérant au passage le cri qu’il retenait. Comme si sa main avait été le seul bouchon qui contenait en lui ce hurlement qu’il voulait garder.
Dégageant sa main à nouveau, il plaqua ses mains sur ses oreilles, empoignant au passage ses cheveux. La crise s’annonçait plutôt violente cette fois-ci, rien qu’à en voir le visage tordu d’horreur du jeune Norvégien. Il amena alors sa main tremblante devant ses yeux, pour y voir de profondes traces de dents. Deux d’entre elles, celles des canines, avaient été ouvertes jusqu’au sang, laissant perler de fines gouttelettes écarlates sur sa peau d’albatre.

Ce n’est qu’alors qu’il remarqua la présence de Muriel. Relevant ses yeux cyans vers lui, il le devisagea comme si c’était la première fois qu’il le voyait, comme si en l’espace d’un instant tous ses souvenirs avaient été réduits à néant. Ca n’était pas le cas, mais Auralyan avait un mal fou à se démmêler dans ses pensées pour l’instant.
Le temps que ses souvenirs s’ordonnent, et il eut alors l’envie pressant de se jeter dans les bras de son amant pour y chercher le calme et réconfort trouvé la veille. Sans lui demander son avis, sans même réfléchir en réalité, sans se douter des sentiments de haine que le jeune homme nourrissait contre lui dans sa paranoïa, il se jeta presque sur lui, pour se blottir contre son torse sans donner plus d’explications.
Mais loin de s’apaiser, son esprit sembla se déchainner plus encore. Des voix se mêlaient dans son esprit, des ordres, des plaintes, des accusations, et même des cris. Il ne comprenait plus rien. Etait-ce lui qui devenait fou, la fatigue qui le plongeait dans un délire, ou bien Cyric qui s’amusait à le torturer ? Il n’en savait rien, bien incapable de réfléchir et mettre les choses au clair.

Une voix commença alors à se faire plus imposantes parmi les autres dans son esprit chamboulé. Elle lui ordonnait de tuer, de saigner, de torturer, de faire le mal.
L’instant d’après, Auralyan se sentit prit d’un violent vertige, l’obligeant à fermer les yeux un moment. Lorsqu’il les rouvrit, il semblait s’être calmé. Son corps n’était plus seccoué de tremblot, et il se degagea doucement du corps de Muriel. Ses yeux céruléens se posèrent alors avec lenteur sur le visage de Muriel. Mais plus qu’un calme infini, c’était une lueur de démence qui y brillait. Quelque chose de véritablement mauvais.

Et sans qu’il ne comprenne pourquoi, Auralyan eut la soudaine envie de serrer ses mains frêles autour du cou de son ami. De tordre ce cou tendre, de la briser. D’arracher cette magnifique chevelure noire… De déformer ce beau visage, de briser toute harmonie chez cette personne en face de lui. Sans qu’il ne s’en rende même compte, sa main s’était lentement élevée, et s’approchait lentement mais dangereusement de l’Anglais. Celle-ci s’arrêta à quelques centimètres du visage du jeune homme, s’immobilisant complètement.
La lueur de folie douce s’évanouit d’un seul coup, laissant réapparaitre ce regard d’animal effrayé qu’on lui connaissait bien. Il resta un certain temps figé. Puis, se rendant compte de ce qu’il était sur le point de faire, il retira vivement son bras, comme s’il venait de s’électrocuter.
Avec un regard apeuré, il s’éloigna alors de Muriel à reculon (toujours assis au sol donc), jusqu’à buter contre un obstacle : le pied de l’autre lit. Il semblait de nouveau effrayé. Mais il était effrayé par lui-même, effrayé des pensées qui le traversaient, de ces gestes qu’il effectuait sans même en avoir conscience. Se prostrant sur lui-même, il baragouina un petit « pardon » à peine audible, avant de cacher sa tête entre ses bras, oubliant sa tentative de fuite pour l’instant. La crise semblait se calmer, et son esprit retrouvait un peu d’ordre et de calme…

Voilà, ce qu'il craignait avait failli se produire, il savait que c'était dangereux de rester avec lui, il l'avait dit à Muriel, il se l'était lui-même répété...et il n'avait pas tort. Fréquenter Auralyan comportait des risques élevés qu'il était impossible d'ignorer : il avait déjà tué, pendant ses crises de folie, et tout amenait à penser qu'il recommencerait bien un jour...

[Je me disais que ça faisait longtemps qu'il avait pas manifesté sa schizophrénie Xd]

Recrocvillé sur lui-même, acculé au mur, Auralyan avait fixé ses deux yeux cyans sur le visage de Muriel. Il ne comprenait pas. Pourquoi n’avait-il pas reagi ? Pourquoi n’avait-il pas essayé de stopper son geste ? Pourquoi était-il resté immobile, en victime. Pourquoi semblait-il presque attendre ce geste ? Pourquoi ne s’était-il pas défendu ? Ne l’avait-il pas repoussé, frappé ? Et quel était cette lueur qu’il avait apperçu dans les yeux du jeune homme ? Cette lueur qui s’apparentait tant au regret ?
Est-ce que Muriel voulait mourir ? Voulait-il qu’Auralyan ne le tue ?
Il ne comprenait plus rien… pourquoi voulait-il mourir ? Avait-il fait quelque chose ? Il était perdu…
Mais cette perspective ne fit que l’inquiétait d’avantage. Elle le glaçait de l’intérieur. Car cela signifiait que si, par malheur, un jour, Auralyan se voyait soumis à une attaque de Cyric, et que ce dernier s’emparait de son corps comme il l’avait si bien fait par le passé, Muriel ne tenterait pas de se défendre face à l’assaut de cet être démoniaque sommeillant dans le jeune Norvégien. Cette simple pensée le fit frissonner. Une raison de plus de tenir le jeune homme éloigné de lui. Il avait déjà peur par le passé de l’exposer à ses crises, cette peur n’en était que décuplée depuis qu’il avait vu un Muriel si soumis et passif face à son semblant d’offensive.

Le temps qu’il sorte de ses méditations, il put voir son amant, ramper à 4 pattes vers lui, s’arrêtant tout près de son corps recrocvillé. Un si placé, il pouvait à loisir sentir son souffle se répandre sur sa peau, mais Auralyan ne bougea pas, gardant ses deux yeux braqués sur le visage de l’akuma, attendant silencieusement la suite des évènements.
Il sentit alors qu’une main prit possession de son poignet, le poignet de la main qu’il s’était volontairement blessé. Et à cette prise, il sentit la douleur lancinante reprendre possession de sa chaire écorchée.
Bientôt, il sentit l’autre main de son ami empoigner le col de sa chemise encore ouverte.
Il n’était pas sur de tout comprendre, et son regard apeuré s’éleva jusqu’au visage de Muriel.
Que comptait-il faire ? Voulait-il se venger de ce qu’avait failli lui faire subir Auralyan ? Voulait-il lui-même le battre avant qu’il n’ait l’occasion de lui tordre le cou à nouveau ?
Mais non, il put alors sentir une tête basculer contre sa poitrine. Un brin surpris, le jeune homme allait réagir, mais déjà Muriel se dégageait de son corps, pour venir s’asseoir en face de lui. L’instant d’après, il disparaissait derrière un rideau de cheveux noirs, replié sur lui-même. Et ce toujours sans avoir laché le poignet du jeune homme.
Mais Auralyan ne le comprenait toujours pas. Pourquoi se cachait-il ainsi ? Et la suite des évènements ne l’aida nullement à comprendre. Pourquoi ce pardon ? Non, c’était à lui de s’excuser, pas à Muriel !

Il le laissa sans opposition tirer sa main vers lui. Même s’il ne voyait rien à ce qui se passait sous cet écran sombre, il faisait suffisamment confiance à Muriel pour lui abandonnait sa main, si blessée soit-elle. Il regarda d’un air douloureux, le vieil akuma en face de lui, qui semblait dans un état de détresse et de tourment qu’il lui était impossible de comprendre.
Il ne savait pas quoi faire, ne comprenant pas même l’origine du problème.
C’est alors qu’il put sentir quelque chose de chaud et d’humide sur sa peau. Il tressaillit tout d’abord à ce contact, sentant encore la douleur perler là où ses dents s’étaient sauvagement plantées. Il laissa doucement la langue de l’akuma venir balayer les perles de sang qui venaient s’aventurer sur sa main. Puis une étrange sensation, celle de larmes tombant sur sa peau. Comme si Muriel pansait ses blessures, pour ensuite les nettoyer de ses larmes.
Larmes ? Pourquoi pleurait-il.

Auralyan tira alors quelque peu sur sa main, comme pour l’en dépétrer de cette zone d’ombre qu’emprisonnaient les cheveux jais de Muriel. En vérité, il voulait simple le forcer à sortir de sa coquille noire, l’obliger à se montrer, pour comprendre ce qu’il lui arrivait. Tirant sur sa main, il la ressortit finalement de son antre, emportant avec elle celle de son amant qui avait jusqu’ici tenu son poignet. Il attendait maintenant que le jeune homme se redresse.

« Regarde moi Muriel »

murmura-t-il doucement, alors que pour la première fois son ton prenait l’allure d’un ordre.
Mais ça ne pouvait pas continuer ainsi…

Auralyan pensait que Muriel lui en voulait parce qu’il avait essayé de l’étrangler.
Muriel pensait qu’Auralyan lui en voulait parce qu’il l’avait frappé.
A ce train là, les choses n’avanceraient jamais. Chacun d’eux culpabilisait pour des raisons inexistantes, trop enfermé dans son délire pour voir les pensées de l’autre. Chacun dans sa paranoïa, le monde extérieur lui étant invisible. C’était comme si un voile s’était interposé entre eux deux, brouillant leurs sens, les plongeant tous deux dans l’incompréhension de l’autre. Ils vivaient dans un monde différent, dans LEUR monde, et refusait d’accepter la réalité. Et ils en souffraient, l’un comme l’autre.

« Regarde moi… »

répéta-t-il en élevant juste à peine la voix, son regard douloureux toujours posé sur la seule chose que Muriel lui permettait de voir : sa chevelure.
Il serra doucement ses doigts sur la main du jeune homme comme pour l’encourager à s’éxécuter.

« Pourquoi t’excuses-tu… »

murmura-t-il d’une voix plus douce, laissant un long silence pesant suivre cette interrogation.
Puis, doucement, amenant la main à ses lèvres pour y déposer un léger baiser, il ajouta.

« Pourquoi pleures-tu… »

Il en avait oublié l’essentiel : fuir. Il fallait qu’il s’en aille, puisque ses actes mettaient en danger l’homme présentement recrocvillé devant lui. Oui, mais avant, il voulait tout de même lui expliquer le pourquoi de sa fuite, pour ne pas l’abandonner ainsi sans explications.

Muriel ne s’attendait pas à se que Auralyan réagisse comme ça. Tout était si confut. Il n’était pas aussi fort qu’il ne l’avait imaginé. En fait il était très faible et ça lui faisait peur. Il arrivait peut être à calmer Auralyan mais ça c’était rien. Tout le monde pouvait réussir à le calmer, il n’avait finalement rien de très exceptionnel aux yeux de ce garçon.
Il était mort, il était là… pourquoi au juste ? C’était trop horrible de ce retrouver ici. Finalement Muriel aurait préféré que ce soit le noir et puis plus rien. Même s’il devait renoncer à son sourire... il ne pouvait plus vivre en pensant à tout ce qu’il avait vécu auparavant. A tout ce qu’il avait fait, a tout ce qu’il était. Il détestait tout ça et il avait peur de ce que le temps avait fait de lui. Un bête, a la fois cruelle, joueuse et terrifiée de ce qui l’entoure.
Les larmes montèrent d’autant plus quand Aurlayan asseyait de le réconforter. Il ne voulait pas qu’il le voie. Il sentit sa main se faire tirer doucement et il n’opposa, tout premièrement, aucune résistance. Mais petit à petit, il en venait même à désirer ce que Auralyan avait tenté il y a peut.
Muriel sentit alors une horrible douleur lui déchirer la poitrine, le ventre, ainsi que le dos.

Il recula soudainement et après une première et infructueuse tentative il se releva et recula vers la porte.

Ne me touche pas … me touche pas. Je ne ferais q-que te salir à ton tour…

Mais il ne savait pas, que d’une même façon, Auralyan était déjà salit, il n’était pas démon pour rien. Mais Muriel ne pouvait s’empêcher de se sentir misérable. Il venait aussi de se rendre compte que ce n’était pas un rêve. Qu’il était bien ici et qu’il allait peut être y rester encore longtemps comme il le fit chez les Akuma. Les débuts serraient difficile, mais avec le temps, sans doute que…

Sans vraiment vouloir le quitter. Il ouvrit la porte et comme un enfant qui fugue, il courut tout le long du couloir, la tête la première ne se souciant de rien d’autre que de s’éloigner de lui. Pourtant, il avait mal aussi intérieurement, il ne voulait pas laisser ainsi Auralyan. Certes il avait du s’avouer qu’il ne le connaissait que très mal, que son comportement changeant (un peut comme lui d’ailleurs, mais en pire.) était éprouvant… mais au fond il sentait son cœur battre si fort lorsque il pensait à lui. Lui et son sourire, ses cheveux blancs, son parfum doux et ses yeux cyans…

[=> L’infirmerie pardi ^^ ]

(Désolé mais il fallait bien que je réponde un jour ou l’autre. De plus c’est une petit rep, tu n’auras pas trop de boulot et je m’excuse pour avoir fait fuir mumu. Il est très "perturbé" encore par le lieu ^^")