Appartement de Freyr

[Couloir]

Freyr reposa Willis à terre pour ouvrir la porte de son appartement, après avoir cherché quelques secondes ses clefs. Heureusement, il ne les avait pas oublié dans la serre, avec ses lunettes et son yukata. Quoique le yukata lui avait été volé, c'était différent.

Bref, il ouvrit la porte et aida son Willis brûlant de fièvre à entrer dans la vaste chambre. Il y avait une bonne moitié qui faisait en fait salon, avec une bibliothèque où était déjà rangé soigneusement quelques livres, et l'autre partie qui comportait un lit à baldaquin et une armoire où devait se trouver les vêtements du professeur.

Freyr fit asseoir Willis sur l'un des fauteuils. Il avait enfin remarqué sa petite mine contrariée mais il faisait comme si de rien n'était.

Il disparut ensuite par l'une des deux autres portes que possédaient le petit appartement, laissant seul Willis.

Celui-ci pouvait à loisir examiner la chambre, bien qu'elle n'ait absolument rien de spécial hormi les livres de botanique dans la bibliothéque et ce lit à baldaquin avec ses voiles. Et il y avait d'ailleurs au bout dudit lit une grosse malle en bois noir et avec des dorures. Elle avait aussi une grosse serrure, et cette grosse serrure semblait dire "vas y, ouvre moi".

[Couloirs]

Willis se fit tout petit de chez minuscule crevette blonde quand Freyr le laissa seul. Maintenant que le Danois était à une distance relativement sécurisée, le jeune Anglais pouvait enfin se poser la question cruciale du : mais pourquoi, pourquoi s'était-il laissé amener jusque dans sa chambre ??
Willis se courba sur le fauteuil et plongea son visage dans ses mains en déglutissant et échouant à réprimer un hoquet dans sa gorge serrée.
Il releva légèrement la tête, les mains jointes et se mordillant les jointures, pour considérer la chambre, il savait où il était pour l'essentiel à savoir : la chambre de FREYR.
Très, très, très mauvais lieu.
La valise ?
Non, pas assez curieux et mal élevé pour y fouiller, et trop malade.
Il avait deux options : fuir très lâchement et très impoliment ce premier jour et céder le temps qu'il avait à vivre ici dans une très, très mauvaise ambiance.
Soit rester ici et voir la suite.
"Tu la connais la suite, sombre imbécile," se réprimanda le beau blond aux grands yeux avant de se mordre violemment la lèvre jusqu'au sang. Voilà, il la connaissait la suite et... Et il en avait plein d'images. Il gémit en voulant se relever, flûte, maintenant il avait des courbatures. Et une idée qu'il pouvait tracer une rapide ligne droite en traversant le mur.
Direction le mur.
Boum.
Willis recula précipitamment et ses fesses chutèrent sur le lit.
Flûte alors.
Il devait absolument sortir d'ici ou brûler en Enfer entre les bras du Diable. C'était ce que ses lèvres formaient, sans voix, et ses yeux grands ouverts imaginaient la scène. Entre tremblements et courbature, son front était luisant et ses yeux aussi.

Willis prit la tasse et se racla la gorge parce qu'il l'avait très sèche. Il but un peu trop vite le breuvage sans se poser de questions sur sa composition et se brûla violemment la langue. Ce qui le fit fermer les yeux brusquement en fronçant les sourcils et déglutir. La douleur le déboussola un peu plus et il la reposa rapidement sur la table de nuit. Entendant au passage la question de Freyr, il tourna la tête vers lui et le vit sourire... Bizarrement. "Voilà la suite," pensa t-il en écarquillant ses sombres yeux bleu pastel.

L'Anglais passa une main dans ses cheveux blonds et essaya de se lever, première solution : fuir lâchement. "Qu'est-ce que tu proposes ??" Demanda t-il dans une exclamation légèrement hystérique avec le petit rire nerveux assorti. 2ème solution, tomber dans la gueule du loup. Willis fronça les sourcils douloureusement. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas comment réagir, il savait très bien ce que lui soufflait ses désirs pervers. Il savait très bien qu'il ne devrait pas laisser Freyr y donner réponse. Willis passa son autre main dans ses cheveux et ses deux mains se retrouvèrent prises dans les boucles blondes déchaînées alors qu'il se relevait à demi.

Willis Heally s'écorcha encore la lèvre en fouillant le visage de Freyr des yeux, voulant trouver quelque chose de rassurant. Peut-être même un mensonge.
Et vlan, il repensa au parfum et ça le mit en colère, et il allait pour contourner le flamboyant diable roux sans le quitter des yeux.

Son petit Willis avait bien l'air tendu, surtout lorsqu'il lui demanda ce qu'il comptait faire. Freyr afficha une mine soucieuse. Il paraissait s'inquiéter de l'état de santé du jeune homme, en vérité il s'inquiétait surtout à l'idée de se retrouver SEUL pour le restant de la nuit. Non pas que l'état de santé de Willis ne l'inquiétait pas, il savait juste qu'il finirait par guérir avec ou sans son aide et que cela ne servait à rien de paniquer à le voir ainsi en sueur.

Lorsque Willis amorça sa manoeuvre pour se sauver, avec cet éclat de colère dans le regard, Freyr le fit retomber assis sur le lit et se pencha sur lui alors qu'il se tenait debout de son côté.

"Tu n'es donc pas heureux de me revoir ?" questionna-t-il d'un ton intrigué. "Je pensais que nous aurions plein de choses à nous raconter et à partager, après tout ce temps."

Il tendit la main pour essuyer d'un doigt le sang de la lèvre écorchée. Ses yeux vairons se plissèrent légèrement. Ses cheveux roux avaient glissé sur ses épaules et ses joues alors qu'il s'était penché vers Willis, masquant le grain de beauté sur sa joue gauche.

"La fièvre doit rendre ton corps tout douloureux. Tu ferais mieux de t'allonger et de te reposer, je m'occupe du reste."

En disant cela, Freyr s'agenouilla pour attraper la cheville de Willis et commencer à délasser sa chaussure.

Freyr 96 et Wiwi 69



Willis fut donc obligé de se rasseoir, et il afficha un air de labrador battu quand Freyr le fixa, rien à faire, il ne résistait jamais aux yeux vairons. Heureux de le revoir ?? Heureux de le revoir ?!
Willis avait la tête qui tournait de pensées contradictoires même si un "mais si bien sûr" se détachait cruellement du reste des réponses possibles ! Raconter et partag...
La caresse de Freyr passant son doigt sur la blessure de sa lèvre le fit frissonner. L'Anglais aspira en tremblant le parfum de Freyr et abandonna la lutte.
"Encore," souligna t-il à voix haute avec beaucoup de déception envers lui-même.

Freyr attaquait sa chaussure, Willis tenta de se dire que s'il était fiévreux, il pouvait au moins épargner à Freyr de lui enlever ses chaussures. Freyr avait l'air vraiment inquiet... Le blondinet se baissa pour tomber à genoux directement dans les bras de Freyr et le serrer contre lui. La joue contre la sienne. Son pauvre coeur tout malmené battait très fort et très vite.
Il avait des tonnes de questions qui jouaient la 5ème symphonie dans sa tête, l'envie de dire au Danois d'arrêter de jouer au gentil avec lui.
"Arrête de faire les gentils..." Supplia t-il sans s'en rendre compte. Avec la fièvre il pensait ne pas avoir pensé à voix haute.

"Mais j'ai toujours été gentil avec toi, Willis. Et cela ne changera jamais, sauf si tu me le demandes," susurra Freyr à l'oreille du jeune homme qui s'était écroulé entre ses bras.

C'était vrai, après tout. Il ne lui avait jamais fait de mal, au contraire de ses autres conquêtes qui s'en étaient moins bien sortis. Alors pourquoi lui demander de cesser d'être gentil ? Les lèvres de Freyr s'étirèrent en un sourire alors qu'il entourait Willis de ses bras. Il glissa son visage contre son cou, sa peau était humide.

"Voudrais-tu donc que je te punisse de m'avoir tué ? Te sentirais-tu mieux si je le faisais ?" questionna-t-il d'une voix douce tout en passant ses doigts dans les boucles blondes de Willis. "Je pourrai te faire mal et plaisir à la fois mais je ne suis pas sûr que tu t'en sentirais mieux après. Tu t'en voudrais et tu aurais honte, n'est ce pas ? Comme toujours. Alors que tu pourrais te contenter de vivre selon tes désirs et uniquement selon eux. De quoi as-tu réellement envie Willis ?"

Freyr se faisait l'effet d'être le Diable qui était en train de dévoyer l'un des agneaux de Dieu. Mais il préférait que Willis lui avoue lui-même ses envies, plutôt que de lui chuchoter à l'oreille toutes les choses qu'il pouvait lui faire s'il se laissait faire.

Le blond aux yeux de faucon soupira d'aise quand le Diable roux l'entoura de ses bras et il tendit le cou pour que Freyr puisse sentir un peu plus sa peau. Ses mains descendirent des épaules de SON professeur de botannique pour se poser sur le torse de celui-ci et ses doigts se nouèrent sur le pull.

A l'écoute des paroles de Freyr il accordait que lui avait la vie sauve...
Pourquoi pas lui ? Pourquoi n'était-il pas mort comme les autres ? "Pourquoi pas moi, Freyr ?"

Ce dont il avait envie ? Réellement envie ?
"Ne pas être puni," murmura t-il seulement. Il avait toujours fait de son mieux pour ne pas mériter la damnation éternelle.
Maintenant il était puni jour après jour d'aimer un homme comme Freyr.
Il avait des bûchers qui tournoyaient devant ses yeux, et des hurlements, et les histoires de son père, celles de son grand-père et leurs mises en garde. Et les Glenn étaient tous damnés, il avait fait le pire.
Sa gorge était encore sèche, la tête lui tournait. Il ajouta en croassant qu'il ne voulait pas être puni pour l'amour de Freyr mais que c'était impossible, il... Il...

Willis se retint vainement de dire tout ce qui lui passait par la tête, inconscient de penser à voix haute, il commençait à vraiment tout mélanger : bûcher, son père, son père sur un bûcher, le bûcher qui l'enflammait pour finir sur cette métaphore qu'il désirait Freyr et que ça le tuait.

L'Anglais écarquilla les yeux et son visage se décomposa brutalement en désespoir sans fond, en connaissance de cause ses beaux yeux bleu pastel aux nuances grises se remplirent de larmes. "Dieu laisse des prêtres abuser des enfants ?" Bafouilla t-il et son délire fiévreux repartit de plus belle sur la phrase de ce que pourrait lui raconter Freyr là-dessus.
Notre petit Heally fondit en larmes silencieusement, à la manière d'un ange de compassion avec ses beaux cheveux blonds bouclés. En écoutant la suite des paroles de Freyr et en le dévisageant de ses grands yeux de faucon.
Il était totalement perdu, et dans tous les sens du terme...

Freyr plus beau que Dieu ? Et aussi cruel, plus cruel ?

"Freyr..." Supplia t-il dans un chuchotement difficile.
Il ne voulait pas en entendre plus... Il avait envie de mourir pour que ce poids écrasant disparaisse de sa poitrine.
C'était trop injuste.

Oups, les paroles de Freyr n'avaient pas été la meilleure façon de consoler Willis. Et le professeur s'en rendait bien compte alors que le jeune homme craquait et fondait en larmes. C'était la première fois qu'il le voyait dans un pareil état. Toutefois, il n'y avait pas que ça d'affolant : Willis n'avait même pas répondu à sa question, cela voulait-il dire que celui-ci puisse concevoir un seul instant que Freyr ne soit pas beau ? Son égocentrisme s'en trouva frustré. Et alors que Willis pleurait à chaudes larmes, Freyr l'embrassa à pleine bouche, avec la langue. Histoire de le convaincre qu'il était l'homme parfait et qu'on se fichait bien de ses histoires de Dieu et de damnation quand on pouvait vivre éternellement et coucher à volonté, grâce au bonus pensionnat remplis de proies.

Freyr passa ensuite ses bras autour de la taille de Willis pour le faire se relever et retomber avec lui sur le lit. Devinez qui se trouvait bien entendu à califourchon sur l'autre ?

"Arrête de pleurer," demanda Freyr entre deux autres baisers. "Tu n'es jamais triste, arrête de pleurer comme ça. C'est la fièvre."

Freyr n'était pas doué pour consoler les gens. Du moins, il ne connaissait qu'une seule façon efficace pour changer du tout au tout l'état d'humeur de quelqu'un. Museler les lèvres de Willis par les siennes étaient un bon moyen d'entendre un peu moins ses plaintes. Retirer la chemise du pantalon pour ensuite glisser sa main en dessous de celle-ci et caresser le ventre du jeune homme était un autre moyen pour lui faire penser à autre chose. Et si ça ne marchait toujours pas, il adopterait une technique plus convaincante. De toute manière, il y viendrait forcément, alors maintenant ou après...

Willis faillit s'étrangler lorsque Freyr l'embrassa soudain à pleine bouche. Et ce baiser là avec la langue fut beaucoup trop la bienvenue pour ne pas recevoir une réponse équivalente.
Les sillons salés des larmes lui brûlaient les joues, Freyr le déposa sur le lit et lui disait d'arrêter de pleurer. Mais l'Anglais fiévreux n'avait pas eu conscience qu'il avait continué, aussi s'arrêta t-il à cette phrase.
Pressé de penser à autre chose, où tout est noir et blanc, Willis en revint vite à penser que 'la suite' en question arrivait. Freyr était glacée comparé à lui, et le contact de ses mains froides sur son ventre brûlant le fit gémir et se cambrer de surprise en posant les mains sur les épaules du professeur. L'esquisse d'un premier geste pour le repousser, puis l'inverse, et ses doigts caressèrent la nuque sous les cheveux roux en cherchant à attirer Freyr plus contre lui.
Qu'il le couvre et qu'il l'aime, même si ça n'était pas réciproque. Là, maintenant, Willis ne voulait pas savoir la vérité des faits.

Au contraire, il murmura en entier le nom de Freyr, le suppliant tacitement de ne pas s'arrêter et aussi, presque de lui mentir sur ses sentiments. Willis ne savait pas mentir, aussi dit-il à son morbide amant qu'il était plus beau que Dieu...

Willis avait cessé de pleurer, mais ses joues étaient encore humide. Freyr déposa ses lèvres dessus pour essuyer le liquide salé. Il sourit lorsque le jeune homme répondit enfin à son interrogation, affirmant qu'il était effectivement plus beau que Dieu. C'était tout pour flatter l'ego de Freyr, si attaché à son apparence physique et à sa jeunesse.

Alors que Willis tentait d'attirer Freyr à lui, celui-ci se redressa pour dominer son amant de sa stature. Alors que sa main continuait à lui caresser le ventre, l'autre lui effleura le cou puis descendit sur le premier bouton de la chemise. Il l'enleva avec soin, puis fit glisser sa main pour arracher les autres et écarter les pants du tissu.

"Oups, je ne l'ai pas fait exprés," fit-il avec un sourire moqueur tout en révélant le torse du jeune homme. Il ne fit rien d'autre. Mais le couva d'un regard plein de désir. Cela faisait si longtemps. Tellement longtemps.

Willis sursauta quand sa chemise trépassa, une grande montée d'adrénaline le fit virer au rouge vif et sa respiration s'accéléra brusquement ! XD Les boucles blondes de jeune homme étaient dispersées en auréole autour de sa tête, encadrant son visage jusqu'à confondre la pâleur de sa peau avec les reflets nacrés de ses cheveux, Et aussi sur le tissu du lit. Les immenses yeux pastel de l'Anglais ne quittait pas ceux vairons de Freyr. Et le regard d'intense convoitise de son aîné diabolique le fit se sentir au comble du bonheur et d'une gêne abominable.
Heally se demandait comment Freyr allait le déguster, (parce qu'il se sentait vraiment comme un plat de gastronome) et une pelle de possibilités plus érotiques les unes que les autres défilèrent devant ses yeux, et ça se voyait. XD

Toutefois, sa peau en sueur violemment découverte l'offrait à un choc thermique et il frissonna en ayant la chair de poule, une de ses mains alla chercher celle qui caressait son ventre. Pas qu'il n'aimait pas ça, mais c'était trop pour lui : il imaginait déjà comment cette main allait finir dans d'autres endroits à proximité de son lieu actuel... Et le petit Apollon avait si honte des réactions de son corps qu'il préférait ne pas brûler... bêtement... sur place... d'envie que Freyr lui fasse tout ce qu'il voulait... Pourvu qu'il y prenne du... plaisir.
*Pervers, pervers, pervers !!* Se répéta Willis en lui-même et pour lui-même !! Le hic c'est que on lit dans ses yeux.

[envoie direct au paradis de la luxure]

[...]

Après quelques instants passé allongé contre Willis, Freyr bougea enfin et se laissa glisser sur le côté. Il soupira brièvement puis passa son bras autour des épaules de son amant pour l'attirer contre lui.

L'activité étant soudainement retombée dans la pièce, il commençait à faire frisquet. Mais Freyr se sentait bien trop paresseux pour faire un geste et aller chercher une couverture dans l'armoire ; les draps étaient trop humides pour réchauffer.

Toutefois, en restant ainsi, Willis allait faire plus que prendre froid. Avait-il encore de la fièvre ? Freyr posa la main sur le front du blond, sentant la chaleur sous ses doigts. Très bien... Il allait devoir lutter contre mère paresse et se lever. Courage.

Freyr sortir du lit dans le plus simple appareil et alla chercher cette maudite couverture. Revenu près du lit, il la déplia d'un coup sec et la laissa retomber sur le matelas, recouvrant Willis par la même occasion.

Il revint ensuite à côté de lui, se glissant sous la couverture, mais tendit la main pour prendre la tisane oubliée sur la table de nuit. Elle avait eu le temps de refroidir. Quel dommage...

"Bois," ordonna Freyr, soucieux de préserver la santé de son amant. "Il doit être environ 5h du matin. Tu n'iras pas en cours dans ton état. Et je n'irai pas en cours pour te soigner."

Il haussa un sourcil, mettant au défit Willis d'oser le contredire, même s'il avait pris la décision sans aucune concertation. Après tout... Après tout, c'était lui le plus âgé, l'ancien professeur du jeune homme et le dominant dans le couple... Sur ses pensées pleines de bon sens, il ajouta un large sourire.

[...]

Willis décida de flanquer un bon coup de pied au cul de ses préceptes qui venaient lui marteller le crâne sitôt l'activité sportive en position horizontale terminée. Il avait un mal de crâne tel qu'on pouvait le comparer à l'explosion d'un gratte-ciel de sa bien-aimée Los Angeles à grand coup de C4.
La fièvre était légèrement tombée, et s'il en croyait ses maigres connaissances féminines en médecine, dans une heure en restant bien au chaud, elle chuterait librement.

L'Anglais avait trop mal à la tête, les tempes brutalement refroidies, pour même penser, il trembla comme une feuille prise dans la tempête alors qu'il refroidissait sur des draps humides. Et sans parler des autres sécrétions corporelles que Monk aurait été boulversé de bref...
Il écouta vaguement Freyr (Willis hein, pas Monk) après que celui-ci l'ait recouvert d'un univers de chaleur (la couverture, cerveau en marmelade) et lui disait des ordres. Willis en décoda l'essentiel, pas forcément dans le bon ordre : 5h, tisane, cours, pas veiller, Etat, bois. Et après avoir roulé des yeux, son cerveau lui hurlant de demander : "mais pourquoi courir 5heures avec une tisane en bois pour pas veiller l'Etat ? C'est en ce moment les J.O d'hiver à Saltlake City ?"

Mais, je vous rassure, Willis se contenta de rouler des yeux avant que l'autre hémisphère de son cerveau, celui qui avait enfin réussi à faire le contact en braillant "tu vas me boire cette tisane, sainte Marie mère de Dieu !" à son collègue.
Willis but donc ladite tisane en s'étant au préalable redressé contre le dossier du lit, en position assise, avec la couverture sur le ventre.

Alors que Willis obtempérait et buvait sa tisane froide, Freyr fit rapidement le point sur l'agenda de la journée. Car il y aurait sans aucun doute d'autres choses à faire que de veiller simplement sur le jeune homme. Comme... Expliquer au "gentil" directeur pourquoi deux professeurs avaient cru bon de manquer les cours. Mieux valait éviter que Willis aille s'excuser lui-même auprès de Dimitri. Dieu seul savait ce que ce pervers pourrait faire à son amant. Quoique Dieu... Il était plutôt bouché des deux oreilles, les yeux crevés et la langue arrachée. Enfin bref, Freyr n'avait pas envie que Dimitri s'amuse à terroriser le pauvre Willis, si sensible et fragile. Même si dans un futur proche, Willis serait plus insensible et fort, à n'en pas douter.

Freyr se gratta l'arrière du crâne d'un air pensif. A vrai dire, lui qui aimait pourtant planifier les choses ne savait pas ce qu'il allait faire dans "un futur proche". Hormis la vague idée d'éduquer Willis selon ses sains préceptes. Manipuler, séduire, tuer. Il devait trouver un moyen efficace de faire changer le jeune homme Il craignait qu'en le brusquant, il ne se referme comme une huitre ou tente de le tuer une seconde fois par désespoir. Mais s'il y allait trop lentement... Ils y seraient encore à la Saint Glinglin.

Deux idées germèrent enfin dans son esprit et un sourire vint à nouveau étirer ses lèvres. Bien sûr, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Pour ouvrir les yeux de Willis, il devait lui apprendre la sinistre vérité sur les choses de la Foi. Il avait pourtant effleuré le problème, lorsque Willis s'était effondré de fièvre pour pleurer ensuite, mais il l'avait totalement oublié.

"Je vais prendre un bain," lança-t-il à Willis tout en se dirigeant vers la salle de bain.

Une fois dans ladite pièce, il fit couler l'eau chaude dans la baignoire et la regarda se remplir, agenouillé devant le bassin et les bras croisés reposant sur le rebord. Son menton appuyé sur ces mêmes bras.

Question : que fait Willis ?
Réponse : il finit de boire, il s'enroule dans la couverture, il constate que le monde aime le tango et Freyr est parti prendre un bain.

Pourquoi prendre un bain maintenant ?
Willis s'envoya un nouveau coup de pied au cul, décida qu'il prendrait bien un bain aussi pour se rincer parce que nager dans la sueur c'est pas sain, d'ailleurs il faudrait presque changer les draps...
"Willis t'exagère," se morigéna t-il avant de fermer les yeux et de Zzzzzzz. Ramené en chien de fusil sur le côté droit. Ses longs cheveux tout étalés autour de lui.

Willis fut réveillé par l'inondation glacée que connaissaient les draps à cause des cheveux de Freyr. Il grogna, papillonna des yeux, frissonna comme dans un frigo et se tourna vers son amant pour voir que effectivement, il avait les cheveux trempés. Le blondinet fit les yeux ronds, agrandissant un peu plus son regard de faucon. Il se redressa légèrement, le peu de repos qu'il avait lui avait épargné le mal de tête. Il avait encore des gestes lents mais il voyait clair. "Freyr, tes cheveux !" S'exclama t-il, avant de remarquer que le Freyr mouillé était toujours nu, lui aussi d'ailleurs, de piquer un fard mémorable... De se sortir du lit, se lever, prendre une serviette dans la salle de bain et revenir sur le lit, pour essuyer du mieux possible les cheveux roux. Sur un Freyr allongé, c'est difficile.

Et PAF le sens des réalités revint au jeune Anglais innocent qui, continuant à rougir et gardant les yeux baissés, demanda "tu es sûr que c'est une bonne idée que je dorme dans ta chambre ? Je me sens mieux, je peux retourner à la mienne, Freyr..."

C'est vrai quoi, Willis était mortifié à l'idée de faire jaser toute l'école dès le premier jour, d'ailleurs il espérait que les murs étaient bien isolés... "Olala..." Gémit-il en se concentrant soudainement sur le séchage des cheveux roux.
"J'ai honte, j'ai honte, j'ai honte, j'ai honte, je mérite d'aller en Enfer !
-T'y es déjà, ma biche.
-J'ai honte, j'ai honte, j'ai honte, j'ai honte, je n'irai jamais au Paradis !" Pensa t-il.

Comme Willis était mignon. Et cette lueur de panique dans ses yeux, avec ce petit murmure affolé, alors qu'il s'acharnait sur les cheveux trempés du roux. Freyr se redressa, la couverture glissa d'une façon insolente jusqu'en dessous de son nombril, et il posa sa main sur la joue de Willis, avec un sourire amusé.

"Pourquoi retournerais-tu dans ta chambre ? Les couples vivent ensemble habituellement," chuchota le Diable d'une voix suave, tout en laissant sous-entendre à Willis qu'ils étaient réellement un couple... Normal... Ou presque. "Tu es tellement beau, j'aurai peur qu'on te vole en chemin et qu'on t'enlève tes habits comme le papier brillant autour d'un délicieux et fondant chocolat au lait."

Hobby de Freyr : faire rougir et bégayer Willis.
"Mais heu non, voyons, je suis heu, un professeur et et il l'est très ta tard de toute fa... çon les les tout le monde dort !"
Pshiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit, séchage expreeeeeeeeess !
Regard de chiot mouillé à Freyr et puis le regard de Willis s'obscurcit "je ne suis pas beau..." Bafouilla t-il en frottant plus lentement les pointes des cheveux de Freyr. Et puis, et puis... Freyr était beau, pas lui, enfin sûrement pour Freyr, mais pas pour d'autre. Et puis est-ce bien sérieux tout ça pour des professeurs ?
Et puis Willis se rappelait qu'il devait essayer... De se racheter, au moins ici...
Les professeurs devaient montrer l'exemple pour que les deux 'clans' s'entendent, non ?

Willis releva les yeux sur Freyr et le considéra avec beaucoup de culpabilité dans le regard. Et voilà ! Il ne savait pas quoi faire !! Alors il continua de sécher les cheveux de Freyr, le contournant pour être dans son dos. "C'est plutôt toi qu'on pourrait enlever..."

Freyr lui faisait toujours peur quand il partait en délire avec cette innocence avec des histoires de meurtre. Willis trembla quand son amant lui lécha les lèvres. Qui serait assez fou pour s'en prendre à un professeur ? Pour s'en prendre surtout à Freyr. "Tu me fais peur quand tu parles comme ça..." Gémit légèrement Willis en baissant les yeux et continuant à frotter. L'angélique blond avait toujours été sensible, il releva les yeux, et ses iris si bleus se posèrent sur le visage de Freyr.

Et avec la plus grande innocence, les immenses yeux de faucons dévisagèrent le Danois. Comme pour voir 'à travers lui' la vérité de ses paroles. "Pourquoi tant d'innocence pour quelque chose de si horrible ?" Murmura t-il d'une voix douce, pensive, songeant à voix haute. Sa main droite se porta sur la joue de son amant et la caressa. Pour consoler Freyr, l'apaiser.

Le si tendre, si candide et compatissant Willis 'Heally' Glenn.
Sur sa hanche, la tache de naissance qu'il n'aimait pas qu'on vît ou touchât.

"De quelle autre façon devrais-je en parler ? Je n'ai pas à me mortifier pour quelque chose que j'apprécie. L'odeur du sang, la mort de ces imbéciles tombés dans mes filets parce qu'ils étaient assez pervers pour être attirés par un homme tantôt candide, tantôt... séducteur," susurra-t-il à voix basse. "C'est cela qui cause leur perte : leur perversité irréfléchie. Ils veulent être boureaux face à la candeur ou victime face à la séduction. Dans les deux cas, ils ne sont interessés que par une seule chose : le sexe. Leur propre jouissance. Ils seraient prêts à abuser d'un adolescent ou même d'un enfant pour un plaisir interdit."

Il prit la main de Willis dans la sienne et l'embrassa avec douceur avant de poursuivre.

"Dieu n'a jamais rien fait contre eux, pour leur faire payer leurs pêchés, ces vies brisées, ces innocences perdues. Alors je deviens leur vice pour les pièger et les punir. Quand ils agonisent et qu'ils me regardent, ils voient leur propre visage. Celui d'un démon sans coeur et morale. S'ils me haissent pour mon acte, ils se haissent eux-même. Je suis l'incarnation de leur méchanceté."

e professeur caressa la main du jeune homme en soupirant. Les yeux fermés à demi, il continua de parler.

"Est-ce que tu comprends ? Quand même Dieu ne punit plus le mal, quand ils laissent des prêtres abuser d'enfants, d'autres doivent faire régner la justice. La loi du Talion est la seule qui compte. Mais pour combattre ce mal, il faut le devenir soi-même. Afin de ne pas être piégé et devenir, à nouveau, une victime. Si je suis un démon, alors je deviendrai Satan lui-même pour m'opposer à Dieu. Je me révolterai comme Lucifer. Et, tel le Serpent, j'irai corrompre le coeur des Hommes faibles pour les amener à leur destruction. Même de ceux qui paraissent les plus Saints. Je suis le mal, mais c'est la passivité complaisante de Dieu qui m'a engendré. Je suis sa faute, je le lui rappellerai jour après jour, en faisant couler le sang des Hommes faillibles."

La voix de Freyr s'était faite plus exaltée sur la fin. Il révélait une des choses qui le motivaient, la vengeance, et celle-ci avait manifestement pour objet la religion. Mais révélait aussi qu'il avait parfaitement conscience d'être aussi mauvais, si ce n'est plus, que les Hommes qu'il punissait. Blessant lui-même des innocents, ne serait ce que pour voir s'ils se laissaient corrompre par un désir pervers.

Pour autant, il ne semblait pas haïr sa nature, sans doute parce que son narcissisme était bien trop important pour cela. Il s'aimait, même dans le meurtre.

(ne jamais demander à un serial killer ce qui le motive à tuer )